RABAT

Pendant longtemps, Rabat n'a été vue que comme la capitale administrative et politique du Maroc. C'est là, le long de ses boulevards bordés d'arbres, que les grandes entreprises internationales avaient - et ont toujours - leur siège. « Rabat est restée le refuge de la politesse, de la mesure, des façons élégantes, des gestes nobles… de tout ce qui nous ornait au XVIIIe siècle », disait le maréchal Lyautey en 1919. Cela n'a pas changé.

Il existe une véritable douceur de vivre à Rabat que son climat méditerranéen, tempéré par l'océan Atlantique, souligne. Cette atmosphère paisible dont les expatriés se réservaient quasiment l'exclusivité a fini par acquérir une véritable notoriété. Il est devenu tendance, branché, courant d'y venir en week-end, ne serait-ce que pour y jouer au golf. Le Royal Golf Dar Es Salam est d'ailleurs le plus prestigieux du Maroc.

Si la partie ancienne de Rabat est arabo-andalouse, celle plus « contemporaine » est moderniste. Elle a été bâtie sous le protectorat, dans les années 1920 et 1930, par des architectes français de la mouvance Le Corbusier, avec ses rues et avenues rectilignes, ses façades sans fioritures inutiles, ses jardins et ses parcs. Rabat est une ville incroyablement verte, la seule où l'on sent les embruns salés sous les palmiers. Elle est aussi gourmande, très gourmande. Vous y dégusterez les meilleures pastillas ou les plus délicieuses cornes de gazelles du monde, notamment chez Maymana, avenue Mohammed VI.

Mais Rabat, c'est aussi un romanesque parfum d'aventures. Il remonte à l'époque où les Maures ont fait de sa forteresse une garnison. Puis les pirates qui attaquaient les bateaux négriers y ont installé leur base arrière.

Qui pourrait croire que Rabat a été une ville pirate avant d'être capitale royale ? Ses ambassades sont aujourd'hui des « bureaux de légende ». Lisez dans l'avion Route des Zaërs de Guillaume Jobin pour vous mettre dans l'ambiance. Le directeur de l'École supérieure de journalisme a écrit des pages enlevées qui vous donneront l'impression, quand vous dînerez face à la marina, que vos voisins, pourtant chics et bien élevés, sont des espions… Ne surnomme-t-on pas Rabat la « Washington arabe » ?

C'est en tout cas dans son splendide mausolée que ses rois ont choisi d'avoir leur éternelle demeure.